Oyez, oyez braves gens ! Je vous propose de lancer de temps en temps un petit débat sur le monde du jeu video et je balance le premier sujet !
La parution de DLC s’est largement démocratisée sur la génération de consoles précédentes. De pratique relativement rare, on est passé à un trafic à grande échelle en l’espace de quelques années. La création de DLC peut, entre autres, permettre de prolonger l’expérience du jeu solo en ajoutant un pan de l’histoire inexploré pendant la partie initiale (Left Behind pour The Last of Us), donner la possibilité à l’éditeur d’entretenir sa communauté en publiant des cartes pour les jeux multijoueurs par exemple (Call of Duty, Battlefield), débloquer de nouveaux personnages pour un jeu de combat ou encore «offrir» la possibilité de façonner son avatar à sa façon.
Le DLC a donc été parachuté dans notre monde virtuel pour notre seul bonheur ? Evidemment, nous répondrons tous en coeur les éditeurs ! Mais la réalité est malheureusement un peu moins rose que le ventre de Kirby (le personnage de Nintendo, pas notre Kirby hein !). Comme tout effet de mode, le DLC a ses dérives et si on peut râler contre les éléments de customisation présents depuis le début, on pouvait simplement fermer les yeux et passer à côté. La méthode devient bien plus problèmatique quand, par exemple, on nous fait payer un contenu déjà présent sur le jeu que l’on a déjà gracieusement payé !
«Oui mon petit Capcom, c’est dans ta direction que je regarde, n’essaie pas de cacher cet exemplaire de Resident Evil 5 derrière ton dos !»
Capcom, élève particulièrement assidu quand il s’agit de maximiser les profits d’une license et prendre les joueurs pour des cons, faisait en effet payer le mode «affrontement» de Resident Evil 5 qui était, selon les recherches des joueurs, déjà présent dans le disque d’origine. Capcom a beau eu se défendre et nier ne vendre qu’une clé d’activation, l’affaire a fait grand bruit. Est-ce qu’on parle des 12 personnages présents sur le disque de Street Fighter X Tekken et que l’éditeur japonais nous demandait de payer plus de 20.- ?
«Mon petit Capcom ça te fait sourire en plus de ça ? Viens ici que je t’en retourne une à te faire danser les gencives !»
Ubisoft, éditeur très à l’écoute (du porte-monnaie) des joueurs à quant à lui eu la bonne idée de vendre la fin de son jeu Prince of Persia après la commercialisation de ce dernier. Défense de l’accusé ? Le contenu aurait été créé après coup pour répondre aux différentes critiques des joueurs. Comment douter d’autant de bonne foi ? Peut-être en nous penchant sur Assassin’s Creed II où deux séquences de l’Animus ont tout bonnement été retirées pour être vendues par la suite. Re-défense de l’accusé ? Les séquences n’étaient pas terminées et ne repondaient pas aux critères de qualité pour être implementées. Re-comment douter d’autant de bonne foi ? On pourrait continuer longtemps. Le serpent se bouffe la queue jusqu’à la pomme d’Adam. Malheureusement dans le jeu en kit, notre bon vieux Capcom, qui n’en loupe jamais une, a fait plus fort encore (c’est un euphémisme de dire que cet élève est (sur)doué) avec Asura’s Wrath ! Les derniers chapitres du jeu (ou film interactif, c’est selon) étaient vendus en DLC et, cerise sur le foutage de gueule, était annoncé avant la sortie du jeu ! Que du bonheur !
«Capcom ! Allez viens, c’était pour rire Capcom ! Allez, tu vas pas rester seul dans ce bois hein ?»
Cependant l’exemple de Left Behind cité plus haut montre un visage bien plus reluisant du DLC. Le contenu proposé par Naughty Dog apportait une réelle plus-value à l’histoire originale sans pour autant pénaliser les personnes ne désirant pas lâcher quelques deniers pour connaître une partie de la vie d’Elie avant les événements décrits dans le jeu original. Dans ce cas-là, non seulement l’accueil est unanime (ou presque) mais l’initiative est louable et louée par la majorité des joueurs. Les exemples de ce type ou de cette qualité, surtout, ne sont pas légion mais ils existent… Bioshock Infinite (ok génération précédente, mais j’ai adoré le jeu !) avait proposé à l’époque, un complément très intéressant, Tombeau Sous-Marin, qui permettait d’incarner Elisabeth, la jeune fille qu’on cherchait à sauver dans l’histoire initiale et de retourner à Rapture, lieu culte des deux premiers épisode de la saga (fan service quand tu nous tiens). La qualité était au rendez-vous, applaudissement, acclamation de la foule (la partie ayant apprécié le titre) et fermeture du rideau. Joli clap de fin.
Quelques DLC peuvent aussi être mise à disposition des joueurs gratuitement (si, si je vous assure !), certains n’apporteront certes pas grand-chose certes, mais d’autres peuvent paraître plus attrayants, Mario Kart et son mode 200cc et Miroir peuvent sans aucun doute se ranger dans cette catégorie. Nintendo a donc fini par répondre également aux sirènes du DLC… pour le meilleur ou pour le rire (comme Capcom), difficile de clairement se positionner étant donné que c’est relativement frais, mais les quelques courses disponibles en contenu téléchargeables (12/16 sont des courses (très bien) réactualisée), pour Mario Kart toujours, ne semblent pas indiqué que la recette sera forcément différente. Ce qui ne veut pas dire que la qualité ne sera pas au rendez-vous ceci dit. Satoru Iwata a d’ailleurs fait des déclarations allant dans le sens des joueurs et jurant de vouloir les protéger des pratiques de certains éditeurs. Iwata, chevalier blanc de notre monde virtuel ? Wait and see comme on dit en Allemagne…..
Si dans les cas décrits on trouvera des défenseurs des deux causes ou des gens oscillant entre les deux camps, le DLC devient moins défendable quand il change grandement l’expérience de jeu ou la fausse carrément. Peut-être moins répandu ou plus habilement caché sous le deluge de contenu disponible, on trouve le fourbe DLC qui permet, par exemple dans Ryse : Son of Rome, de débloquer toutes les améliorations moyennant finance.
«Capcom c’est toi qui a suggéré cette bonne idée à tes camarades de crasses ?»
Ce type de DLC altère complétement l’essence et le concept même du jeu qui font qu’on progresse pour gagner en expérience et ainsi débloquer des compétences. Le joueur en manque de temps ou de skills n’a plus de soucis à se faire, tant est qu’il soit solvable. Que serait un jeu comme Bloodborne si la boutique From Software proposait des potions de XP ou des armes avec des stats largement supérieures à celles ramassables dans le jeu ? Pas certain que le succès d’estime et populaire ait été aussi grand.
Autre dérive de cette genre de pratique, Mortal Kombat X qui propose d’acheter des jetons permettant de faciliter l’exécution des mythiques Fatalités… pourquoi se borner à les apprendre ou essayer de les maîtriser quand il n’y a qu’à gentiment rentrer les 16 numéros de sa Visa. Si c’était le pire pour Mortal Kombat, je me rassirais dans ma chaise et je poserais ma hache, mais non, loin s’en faut. L’éditeur n’a pas froid aux yeux et vous invite joyeusement à débloquer le totalité des éléments déblocables dans les différents mode pour à peine 30 petits francs. Encore une fois, pas de sueur sur le pad, juste des traces de doigts sur la carte de crédit.
«NetherRealm et Capcom, vous vous séparez, je ne veux plus vous voir assis l’un à côté de l’autre ! Non, non, Ubisoft, tu ne prends pas la place de NetherRealm !»
Le DLC classique étant devenu un standard, on passe à la vitesse supérieure en démocratisant le Season Pass, sorte de paquet de chicken nuggets où le poulet sous hormones est remplacé par du contenu téléchargeable, tantôt un peu de contenu solo, tantôt un soupçon de customisation, tantôt un poil de trucs qui ne servent à rien. On nous explique bien sagement que prendre un pack de 6, c’est plus avantageux de que prendre une pièce après l’autre. Ou pas. Dans le cas de Batman Arkham Knight, lors de l’annonce du Season Pass, le prix était le cumul pur et simple des prix des différents DLC. Batou nous en met un joli coup dans les valseuses. Le prix, parle-on en puisqu’il marque une nouvelle étape dans l’ascension du Mont Vend-tout : 50.- ! Soit deux tiers du prix du jeu de base à peu de chose près. Et la description des DLC peine à justifier ce prix exhorbirtant : la préquel de Batgirl (ok, intéressant), des arènes pour les défis (copier-coller de celles du jeu initial soyons pas fous), des tenues pour les différents protagonistes (cosmétique donc dispensable), des batmobiles pour faire un tour dans un circuit (je saigne des yeux). Si on peut comprendre/accepter/aimer (biffer ce qui ne convient pas) le fan service via la customisation, qui encore une fois n’altère en rien l’expérience et peut être laissé de côté, c’est plus dur à digérer quand on vous le fait bouffer à ce tarif là ! Autrefois les tenues et autres gadgets se débloquaient via le jeu, ne l’oublions pas.
«Warner c’est pas la peine de jouer a qui a la plus grosse avec tes camarades, Capcom se l’astique depuis longtemps, vous ne pourrez pas le rattraper ! »
Pour en revenir au Season Pass, il est bien difficile de lui trouver un intérêt en amont de la sortie du jeu, puisque hormis des promesses et quelques visuels fournis par nos chers vendeurs de rêve, bien dur de se faire une idée précise de ce qui va nous arriver sur le coin de la trogne. La tendance s’inverse par contre une fois les différents DLC sortis : on peut juger de la cohérence et de la qualité du/des prduit(s) (du moins les premiers DLC sortis) et pour peu que l’éditeur ne prennne pas exemple sur notre ami Warner, on peut espérer avoir un prix en prenant le package si le contenu total nous intéresse. Et c’est d’autant plus profitable si le Season Pass est propulsé dans le rayon des soldes. Après faut éviter de faire une Taramabas et acheter le contenu deux jours avant qu’il soit soldé……..
Autre pratique qui tend à se répandre comme une sauce barbecue tombée à côté d’un pack de nuggets froids, le DLC que le gentil éditeur nous donne, oui nous donne… enfin en échange d’une précommande bien sentie qui servira a assurer un peu les ventes, permettra de publier quelques chiffres très vendeur avant la sortie du jeu et jaugera la future réussite du titre. La pratique ne sent pas autant la fosse scéptique que les autres car on peut très bien s’en passer (encore qu’on pourrait nous filer la fin du jeu en DLC en bonus de précommande), mais encore une fois, ce n’est nullement l’intérêt des joueurs qui est au centre des attentions. Oui il y a encore des naïfs qui croit que l’intérêt des joueurs peut entrer en ligne de compte, oui mÔssieur ! (on est 5 selon le dernier décompte)
Dans le monde merveilleux des DLC, on trouve finalement vraiment de tout, du fan service, du contenu de qualité, du foutage de gueule en bonne et dûe forme, de la mascarade sans déguisement, etc… Je pense que le DLC est une merveilleuse façon de prolonger une expérience ou de revenir sur un jeu laissé de côté depuis quelques temps pour le plus grand plaisir (oui je t’aime Left Behind !) ou encore d’ajouter quelques courses ou cartes afin de prolonger la pratique de son jeu favori. Je peux même concevoir qu’on puisse sortir le porte-monnaie pour customiser son avatar pour sortir un peu de l’ordinaire dans un jeu sur lequel on passe des heures. Dans certaines circonstances, je pourrais moi-même le faire, mais il faut que le prix reste en adéquation avec ce qui est proposé. Plus de 20.- pour quelques maps sur un FPS compétitif me paraît exagéré. 2.50 pour un skin de combattant également. Par contre, je condamne fortement ces passe-droits dans les jeux moyennant finance qui trahissent l’expérience de jeu ! Pour l’instant on favorise celui qui paye, mais le jour ou on punira celui qui ne paye pas n’est peut-être pas si loin. De même pour les jeux vendus en kit (un jeu sans sa fin, c’est le pompon !) ou non finis qui sont clairement un joli petit crachat dans la gueule du joueur. J’ai peur pour la génération de joueurs qui n’aura connu que ça et qui se voit imposer cette pratique comme un standard, j’espère qu’elle aura le recul pour rejeter cela quand ça tient de l’abus et qu’elle saura combattre cette dérive aidée par les oldtimers de ma génération et celles d’avant (putain je parle comme un vieillard). J’aime le DLC, énormément même, comme Neuro aime les randonnées à poil, mais j’aime celui qui sent le travail, l’implication, la sueur et la passion et qui par-dessous tout, ne se moque pas de son consommateur.
Et vous, que pensez-vous des DLC ? Etes-vous consommateurs, réfractaires ? Qu’est-ce qui vous plaît ou vous déplaît ? A quelle fréquence en mangez-vous ?